Manu Dibango, l’enfant prodige de la musique africaine

Papagroove ou Papa Manu, des surnoms Emmanuel N’djoké Dibango n’en manquait pas. Connu sous le nom de Manu Dibango, ce saxophoniste d’origine camerounaise a rendu l’âme le mardi 24 mars 2020 à Paris, en France, des suites d’une contamination au Coronavirus alors qu’il était âgé de 86 ans. « C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango» pouvait-on lire sur sa page Facebook.

Manu Dibango, l'enfant prodige de la musique africaine

Né à Douala, au Cameroun, en 1933, Manu Dibango est issu de l’union d’un fonctionnaire et d’une couturière, choriste qui l’initie dès le bas âge à la musique. Inscrit dans une école de son village, il ira poursuivre ses études dans une écoles dite des blancs à l’époque coloniale avant de se rendre en France où il poursuivra son cursus scolaire. Dans sa biographie, il raconte être arrivé en France avec seulement trois kilos de cafés qu’il a vendu pour pouvoir répondre à ses besoins.

Étudiant en France, il découvre le jazz et se forme au piano. Sa rencontre avec Francis Bebey lors d’un séjour dans un centre de colonie réservé aux enfants camerounais résidents en France marque un tournant décisif dans sa carrière. Après avoir été formé par ce dernier aux bases du jazz, il forme un groupe de musique et commence à se produire dans les boîtes de nuit. Une décision qui déplaît à son père qui lui coupe les vivres en 1956 lorsqu’il échoue à la seconde partie du baccalauréat.

*Une histoire d’amour avec le Congo*

Manu Dibango, l'enfant prodige de la musique africaine

Ses différents contrats le mènent en Belgique en 1956 où il fait la rencontre de plusieurs congolais, venus participer à la Table Ronde ayant abouti à l’accession du pays à son indépendance, qui fréquentaient Les Anges Noires, une boîte bruxelloise dont il était le chef d’orchestre. Il y fait la rencontre de Kabasele Tshamala alias Grand Kalé, interprète de la célèbre chanson « Indépendance Tshatsha», jouée pour célébrer l’indépendance du Congo, avec qui il enregistre plusieurs disques. Manu Dibango s’installe même à Léopoldville (Kinshasa) en 1961 où il gère l’Afro-Negro avant de se rendre au Cameroun où il crée son propre club dénommé le Tam Tam.

Outre sa collaboration avec Kabasele Tshamala, il a travaillé avec plusieurs grands noms de la musique congolaise. Ce fut le cas de Papa Wemba avec qui il a collaboré sur l’album « Wakafrika » dans la chanson « Ami Oh » qui a connu la participation d’Angélique Kidjo. En 2001, Manu Dibango collabore avec Werrason. Ils produisent ensemble la chanson « Croix rouge», titre dédié à la paix en Afrique et au Congo.

*Entrepreneur et artiste engagé*

Manu Dibango, l'enfant prodige de la musique africaine

Entrepreneur, il crée, en 1997, Festival Soirs au Village, un évènement culturel qui a lieu chaque année dans la ville de Calais où il s’est installé pour son premier séjour en France. En 2007, Manu Dibango est le parrain officiel de la vingtième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Grand ambassadeur de la langue française, il est nommé, en 2015, par la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie « Grand Témoin de la Francophonie» aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Rio 2016.

Compositeur de plusieurs titres, il a été repris par plusieurs grands noms de la musique comme Michael Jackson ou Rihanna.
Père de quatre enfants, James l’un des ses fils a suivi la voie de son père en devenant à son tour artiste. La disparition de Manu Dibango a suscité une vague d’émotion en Afrique et en Occident où artistes, journalistes, hommes politiques, sportifs, …ont rendu hommage à une icône de la musique africaine.

Moïse MAKANGARA 《allokinculture》

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *