L’orchestre congolais Zaïko Langa Langa totalisera 52 ans cette année. Orchestre mythique, Zaiko Langa Langa a formé plusieurs grands noms de la musique congolaise dont le regretté Papa Wemba.
Orchestre influent des années 1970, le Zaiko Langa Langa adopte un rythme rapide, funk, abandonnant les instruments à vent et mettant en avant la batterie et les solos de guitare. Le groupe met également l’accent sur la danse, dans la continuité de la rumba congolaise. Leurs scènes sont habituellement animées par des danseurs. C’est, selon le romancier et musicien Sylvain Bemba, cité par Olivier Herviaux dans le journal Le Monde, une musique des pauvres, la rumba, qui finit par conquérir, avec ce groupe, « les nantis de la ville ». Le groupe est populaire, notamment dans « les bars dancings de Kinshasa, de jour comme de nuit ». Il met surtout à mal un conformisme musical, et devient l’étendard d’une jeunesse démographiquement de plus en plus importante, et qui souhaite s’émanciper.

Evoloko Joker Lay Gola, considéré comme le membre le plus populaire du groupe, avec le concours d’autres musiciens tels que Papa Wemba et Pépé Felly Manuaku, aurait inventé la cadence rythmée « cavacha », danse populaire de l’Afrique centrale et de l’Est dans ces années 1970. Le cavacha est devenu le ciment du soukous congolais. L’orchestre se produit en 1974, lors du grand concert donné à l’occasion du combat historique Mohamed Ali Vs-George Foreman, aux côtés de James Brown et Tina Turner.
Deux ou trois années plus tard, l’orchestre commence à se diviser. Papa Wemba, Evoloko, Mavuela et Bozi partent pour former Isifi Lokolé (en) en 1974 (Isifi étant un clin d’œil en acronyme signifiant Institut supérieur de formation des idoles), puis Viva La Musica en 1976. Ce départ porte un coup dur à l’orchestre, qui, pourtant, continue son parcours. C’est à cette occasion que cet orchestre enregistre l’arrivée du batteur Ilo Pablo, qui en profite pour faire adopter par le groupe un style plus simple et plus épuré. C’est aussi l’arrivée dans cette formation du chanteur Linkinga Redo. Vers la fin des années 1970, le groupe comprend comme membres : N’Yoka Longo, Lengi Lenga, Bimi Ombalé, Likinga, Evoloko et Bozi Boziana, avec les musiciens Meridjo et Bapius.
À la fin des années 1980, les désaccords au sein de l’orchestre atomisent la troupe en plusieurs formations, mais le « style Zaïko » marque durablement ces nouveaux groupes.
En 1981, le groupe est en conflit avec son producteur, le saxophoniste Verckys Kiamuangana, qui requit les instruments de l’orchestre. Zaïko a fait faillite jusqu’à 9 mois plus tard lorsqu’ils ont obtenu de nouveaux contrats.
En octobre 1982, lors d’un concert dans l’émission de Télé Zaïre, Variétés Samedi Soir, ils présentent leur nouveau double album, Nkolo Mboka. L’opus contenait quelques tubes du groupe tels que, « Bolingo aveugle », « Kamangu » et « Sans espoir ».
Après les moments difficiles du début des années 1980, le groupe a recruté les nouveaux chanteurs Mafuta Mondial, JP Buse, Dodo Munoko, les guitaristes principaux Beniko Popolipo et Jimmy Yaba, et Yvon Kabamba, le bassiste.
En 1983, zaïko langa langa se rend dans le pays voisin, le Congo-Brazzaville pour enregistrer l’album « Muvaro ». La chanson homonyme est devenue l’un des plus grands succès africains.
Le groupe a un nouveau promoteur, Gustave Bongo, qui aurait été lié avec le président gabonais, Omar Bongo. En 1986, l’ orchestre zaïko est invité à faire une tournée au Japon. Pendant la tournée, la session live Nippon Banzai, a été publiée le 11 juin de la même année sur le label du groupe, Prozal. Il reste l’album le plus abouti du groupe. L’ensemble a également signé un contrat avec le label indépendant français Sonodisc.
L’orchestre est désormais considéré comme le groupe africain le plus connu. En 1987, une guerre de leadership éclate entre les administrateurs de l’orchestre qui durera de l’enregistrement de l’album Subissez les Consequences à mai 1988, date à laquelle zaïko se divisa officiellement en deux factions, Zaïko Langa-Langa « Nkolo Mboka » (l’original) et Zaïko Langa Langa Familia Dei (formé par Lengi-Lenga, Ilo Pablo et Bimi Ombalé). Familia Dei était également l’un des autres noms du Zaïko original.
Les quatre-vingts pour cent de l’orchestre original sont partis pour fonder Zaïko Langa Langa Familia Dei. L’orchestre est resté avec : N’Yoka Longo, Meridjo Belobi, Oncle Bapius, Mbuta Matima, Dindo Yogo, Nono Monzuluku, Zamwangana Enoch et Gilbert Benamayi.
Après avoir recruté de nouveaux membres issus de l’orchestre Tout Choc Oka et des groupes rivaux Grand Zaïko Wawa, Langa Langa Stars, Etumba Na Ngwaka, Viva La Musica, The Best, Minzoto Wella Wella et Zaïko « Nkolo Mboka » a eu une équipe renouvelée.
À la fin de 1989, l’ensemble se rend à Bruxelles pour faire une tournée et enregistrer leur nouvel album, Içi ça Va. Le titre est une dédicace négative à Zaïko Langa Langa F.D. L’opus contient le hit Linya.
En 1991, l’orchestre part en tournée en Europe pendant un an, après la sortie de l’album « Jamais Sans Nous ».
Ils ont joué à la Madeleine (Bruxelles), à la Foire de Paris et au Melkweg à Amsterdam. En 1992, l’orchestre zaïko retourne dans son pays d’origine, et peine à obtenir des contrats en Europe. Pendant cette période, ils ont préparé un nouveau projet, intitulé « Avis de Recherche ».
L’orchestre a signé un contrat avec le producteur ivoirien Ibrahima Sylla, qui a produit l’album en mai 1995. L’album a été présenté au Grand Hôtel de Kinshasa. Plus tard, l’orchestre part en tournée en Europe pendant deux ans.
Pendant la tournée, en 1996, leur album Sans Issue est sorti. L’album est bien reçu, mais le succès « d’Avis de Recherche » éclipse le nouvel opus.
A leur retour à Kinshasa, l’orchestre obtient des contrats avec Castel Beer en 1997. Ils recrutent également de jeunes musiciens, les chanteurs Deo Brondo (d’Anti-Choc), Willy Bula (de Quartier Latin) et Lassa Lacolyte (de Choc Stars), Clovis Keto (de Bana OK), l’Animateur Papy Tombe Cocaïne (de Golden Tchatcho), le bassiste Rocky Blanchard Miantezolo (de Quartier Latin) et le soliste Daniel Muanda (de Tout Puissant OK Jazz).
L’orchestre a de nouveau eu du mal à voyager en Europe. Leur nouvel album, « Nous y Sommes », sorti le 2 octobre 1998, a été enregistré dans un studio local populaire à Kinshasa, N’Diaye, qui a également produit le disque.
L’ensemble arrive à Paris en 1999 et enregistre l’album « Poison ». Ils sont désormais produits par le producteur camerounais Jean Pierre Saah, et signés sur son label JPS. À la même époque, trois membres majeurs du l’orchestre, Meridjo Belobi, Oncle Bapius et Modikilo Modeste, quittent l’orchestre pour fonder Zaïko Langa Langa Universel.
Hormis une tournée à Paris, l’orchestre est arrivé au Benelux.
En 1999, avant la sortie de l’album « Poison », Zaïko Langa Langa fait l’objet d’un documentaire d’Yves Billon, « Zaïko Langa Langa, le goût du travail bien fait ».
En 2001, ils sortent un maxi-single intitulé Feeling et annoncent un concert au Zénith de Paris en juillet de l’année prochaine.
L’orchestre s’installe en Europe et reporte le concert au 7 septembre 2002 pour fêter le 49e anniversaire du leader, N’Yoka Longo. Plus de 6 000 fans étaient présents. Cela a été considéré par beaucoup comme la renaissance de Zaiko. En fait, déjà en 1988, Zaiko, très populaire à l’époque, avait prévu de jouer dans Zenith mais la grande division qui s’est produite dans le groupe l’a empêché de le faire.
Le 23 décembre, l’album « Euréka » sort pour fêter le 33e anniversaire de l’orchestre. En 2003, Jean Pierre Saah, le producteur du groupe est recherché par la justice française, ce qui met un terme au contrat signé par les administrateurs de l’orchestre . C’est pour cela que l’année prochaine, en 2004, l’album Empreinte est produit par N’Yoka Longo sous la maison des disques de l’orchestre.
Ils participent dans la compilation Les ténors 2 l’Afrique sortie en 2005, enregistrée en 2003.
En 2007, un album de retrouvailles intitulé « Rencontres » est sorti sur le label Weedoo. Après la sortie de l’album, ils rééditént leur album live Nippon Banzai et compilent quelques chansons dans un album.
En 2009, le groupe rentre à Kinshasa, après une tournée européenne de 7 ans. L’orchestre a subi une autre dislocation. La majorité des membres sont restés en Europe. Après être revenus avec 8 musiciens, ils avaient une équipe de réserve, qui est devenue l’équipe principale jusqu’à présent. de 2009 à aujourd’hui.
En 2011, ils sortent l’album « Bande » annonce qui serait le numéro 1 du hit-parade du Congo. En 2013, ils sortent l’album « Sisika … Moto na moto » après la popularité de leur danse « Maman Siska ». En 2017, ils font la danse Eyenga 207 qui est actuellement encore célèbre. Le 7 septembre 2019, l’album « Sève » est sorti dans les bacs en honneur des festivités du 50e anniversaire de l’orchestre mais faute a la pandémie du covid-19 l’orchestre n’a pu faire leur festivité de 50 ans de l’orchestre.
Le 24 mars 2020, après 10 ans d’absence dans la zone européenne, l’orchestre zaïko langa langa a donné un concert en Belgique, au BOZAR, pour fêter le 50e anniversaire de l’ensemble. Ils ont invité de nombreux anciens membres.
Moïse MATOMO/ Allokinculture